Cétogène : Les athlètes et leur régime alimentaire

Certains sportifs d’endurance adoptent une alimentation très faible en glucides malgré l’importance traditionnellement accordée aux sucres dans la performance. L’effet de ce changement sur la récupération, la composition corporelle et l’énergie divise la communauté scientifique, avec des résultats variables selon les disciplines et les profils individuels.L’adaptation du métabolisme à un apport élevé en lipides modifie les sources d’énergie utilisées pendant l’effort, ce qui suscite autant d’intérêt que de débats sur la pertinence de cette stratégie. Les implications pratiques et les limites de ce choix alimentaire continuent de faire l’objet de recherches approfondies.

le régime cétogène en bref : principes et fonctionnement

Le régime cétogène, ou keto pour ceux qui aiment l’anglicisme, s’affranchit des codes de la nutrition sportive classique. Les glucides tombent en chute libre : souvent sous la barre des 50 grammes par jour, parfois bien moins. À leur place, les lipides règnent sans partage, avec des protéines présentes en soutien, mais sans excès. Ce schéma impose au corps une mutation énergétique non négligeable.

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Privé de ses sucres habituels, le métabolisme pivote : c’est la cétose. Le foie se met alors à fabriquer des corps cétoniques à partir des acides gras, qui vont alimenter les muscles… tout autant que le cerveau. Cette stratégie, parfois appelée low carb high fat, rompt radicalement avec les diètes ordinaires privilégiant céréales et féculents.

Aucune place à l’improvisation dans ce plan alimentaire. L’assiette type s’articule autour d’aliments simples et bruts : avocat, poissons gras comme le saumon, oléagineux, huiles végétales, œufs et légumes verts. Les produits sucrés et céréaliers ainsi que la majorité des fruits restent sur la touche.

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Voici à quoi ressemblent généralement les répartitions des calories dans ce mode d’alimentation :

  • Glucides : moins de 10 % de la ration énergétique journalière
  • Lipides : 70 à 80 %
  • Protéines : 15 à 20 %

Ce passage à un autre type de carburant ne se fait pas sans conséquences. Le régime cétogène chamboule la gestion de l’insuline, le stockage des réserves, le fonctionnement métabolique. Il requiert une vigilance constante et un vrai sens de l’adaptation, surtout pour les sportifs les plus ambitieux, ceux qui conjuguent haute intensité et quête de singularité dans leur assiette.

Pourquoi de plus en plus d’athlètes s’y intéressent ?

Ce régime séduit désormais une vague nouvelle d’athlètes, en quête d’endurance prolongée, curieux de s’affranchir du modèle classique à base de glucides. Pour certains sportifs, opter pour les lipides comme carburant principal éloigne le spectre de l’hypoglycémie et permet d’avancer longtemps, même lorsque les réserves de glycogène s’épuisent.

Chez ceux qui s’y sont essayés, la promesse n’est pas seulement sportive. Beaucoup saluent une énergie plus linéaire, sans ces creux brutaux qui coupent les jambes ni fringales qui épuisent le mental. Des athlètes d’ultra-endurance décrivent même des états de concentration prolongée, une meilleure gestion de la faim sur les compétitions, quand plusieurs heures d’effort s’enchaînent.

Derrière la performance pure, le régime cétogène est aussi recherché pour ses effets sur la perte de poids et la maîtrise du métabolisme. Se délester de l’emprise des sucres rapides, alléger les digestions parfois difficiles, ou tout simplement se forger une image corporelle plus affûtée : ces arguments coexistent dans les pelotons. La nutrition d’endurance s’ouvre ainsi à ce modèle alternatif qui fait débat, alimente les échanges entre athlètes et encourage l’expérimentation à travers les disciplines.

Performances, récupération, limites : ce que disent les études

Sur le terrain de la science, les résultats sont nuancés, loin des affirmations simplistes. Côté performance, plusieurs études signalent qu’après une phase d’adaptation, l’organisme d’un athlète peut puiser dans un réservoir lipidique bien plus efficacement, réduisant la dépendance aux glucides. Certains spécialistes, à l’image du médecin du sport Fabrice Kuhn, constatent chez des sujets entraînés une capacité à soutenir des efforts prolongés, à condition de miser sur l’ultra-endurance plutôt que sur l’explosivité.

Mais la récupération pose d’autres défis. Beaucoup témoignent d’un démarrage heurté : sensations de fatigue, maux de tête, crampes, tout un cortège passager qu’on surnomme parfois grippe cétogène. Cette traversée réclame de la rigueur ; la baisse soudaine des glucides s’accompagne d’une réponse musculaire parfois lente, notamment pour reconstituer le glycogène, et peut gêner l’enchaînement des séances rapprochées, selon le physiologiste Hugues Daniel.

L’équilibre nutritionnel reste à surveiller de près. Les fibres, vitamines et minéraux peuvent venir à manquer si le menu est mal construit. Partager des repas avec d’autres ou voyager peut devenir un vrai casse-tête. L’exploration scientifique continue pour cerner les atouts, les limites et les éventuelles zones d’ombre de ce régime chez les adeptes de la performance durable.

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Aller plus loin : ressources et conseils pour les sportifs curieux

Se lancer dans le régime cétogène ne s’improvise pas. L’appui d’un nutritionniste spécialisé ou d’un professionnel de santé demeure la voie la plus sûre pour ajuster et surveiller l’alimentation. La gestion des apports en sodium, potassium, magnésium, en d’autres termes, la vigilance sur les électrolytes, s’avère particulièrement recommandée, surtout au début, lorsque la fatigue et les crampes sont susceptibles de s’installer.

L’hydratation doit elle aussi être repensée : les besoins en eau varient selon l’effort, la température, l’intensité, et les premiers jours, la perte d’eau est souvent plus marquée que dans les régimes à base de glucides.

Afin d’intégrer ce régime sans faux pas dans une pratique sportive, voici quelques points-clefs à retenir :

  • Favoriser des aliments simples : avocat, poisson gras, œufs, oléagineux, légumes très pauvres en sucres.
  • Surveiller les potentiels déficits : calcium, fer, zinc, vitamines B notamment.
  • Changer régulièrement les menus pour éviter la lassitude et couvrir tous les apports nécessaires.

Chercher l’équilibre, rester à l’écoute de ses ressentis, individualiser ses choix alimentaires plutôt que suivre les recettes miracles des réseaux : voilà le fil directeur pour qui veut aller loin. Le chemin du cétogène n’est pas linéaire ni universel, mais ceux qui persévèrent découvrent où l’effort et l’alimentation dialoguent avec le mieux.

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